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L'aquarium
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10 octobre 2006

Une lumière s'éteint et la Tchétchénie s'enfonce encore un peu plus dans le noir

Anna Politkosvkaïa était une journaliste russe spécialiste de la Tchétchénie, dont les vues ne correspondaient pas à celles du Kremlin, qui considère ces guerres interminables comme un problème de terrorisme intérieur. Elle passait énormément de temps sur le terrain, écrivant farouchement les vérités qu'elle recueillait, peu lues dans son pays dominé par la désinformation poutinienne. Elle savait qu'elle risquait sa vie, elle a été assassinée samedi, à Moscou. Mais tout ça vous le savez sûrement, comme moi vous lisez les journaux, regardez la télévision, vous attendant à y trouver des faits ou des analyses objectives. En général c'est le cas, ici. Parce que des journalistes vont sur le terrain. Ils savent ce qu'ils risquent, ne sont pas forcés à le faire, mais incontestablement ils contribuent à nous donner une vision plus claire de notre monde. Plus moche aussi. J'ai lu beaucoup d'articles et de livres de cette femme, me suis indignée en suivant ses pas en enfer. La géopolitique du conflit tchétchène était le thème de mon Travail de Maturité, et ce fut un grand saut dans le côté le plus noir du monde des adultes, tellement différent des valeurs idéalistes de mes 18 ans. Ces quelques journalistes me semblaient être le seul (et bien faible) espoir de ces pauvres gens, citoyens de cette république auto-proclamée, oubliée, parfois volontairement, par l'occident si prompt à vouloir faire régner l'ordre mondial. Au nom des dieux dollar et pétrole. Aux dépends d'êtres humains... Mes valeurs n'ont pas changé, mais elles se sont agrémentées d'une bonne couche de pessimisme, cuirassées d'une carapace de cynisme. C'est peut-être ça être adulte. Dans ce cas je ne le suis pas encore, bouillonnant régulièrement d'une rage toute intérieure devant les nouvelles. Ma gorge s'est serrée à la lecture de la dépêche annonçant cet assassinat. Mais je n'ose pas espérer une enquête objective, pas plus que des réactions internationales ou un réveil du peuple russe. Et je ne doute pas une seconde que cette mort sera bien vite oubliée, pour notre confort à tous...
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