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L'aquarium
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15 novembre 2006

Pratique de ginéco, suite et fin

Bon, on en était restés à 1 partout, je veux dire une super séance et une affreuse. J'ai vite compris qu'ici les étudiants ne faisaient rien, assister une césarienne est donc une chance peu commune. Jusqu'ici je me disais que finalement les études de médecine, ici ou ailleurs, pareil. Beaucoup d'heures de bibliothèque et de la pratique assez tôt, ce qui nous différencie de nos collègues d'autres facultés. Et bien non! J'ai profité d'une soirée de garde pour discuter avec l'étudiant "local" qui était avec moi, nous n'en sommes pas revenus: un espagnol ne fais pas une anamnèse tout seul avant d'être diplômé, alors que pour nous c'était un des but des pratiques de 3e, ainsi que faire un status général basique. Ici ils regardent et c'est tout, pas une piqûre, pas un point de suture, rien. D'ailleurs une copine en pratique de dermat a demandé si elle pouvais faire l'anamnèse suivante, le médecin était horrifié parait-il... Résultat à la sortie de la fac (qui est aussi le début de l'internat) les espagnols savent tout mais ne savent rien faire, alors que nous on sait faire mais on a encore pas mal de théorie à se mettre dans le crâne. Pareil finalement, sauf que les débuts comme interne sont déjà difficiles pour nous, alors je n'imagine pour eux! Et puis ils faut bien avouer que pour moi la pratique c'est la carotte, le susucre, le pourquoi je suis prête à passer des week-end enfermée dans une bibliothèque. Accessoirement il me semble que voir la réalité de ce qu'on apprend aide à retenir. Mais c'est un gros investissement de temps (et donc d'argent, ne rêvons pas, ça coûte cher de former un médecin). Ce qui me stupéfait ici c'est qu'ils font l'investissement, un médecin est mobilisé pour chaque étudiant, mais qu'ils ne rentabilisent pas du tout ce moment privilégié! Ce matin j'ai passé trois heures toute seule avec un prof (pas un interne, hein, le boss) à regarder des diaporamas de cas cliniques sur son ordi. Il l'aurait fait dans un auditoire avec un micro, ça aurait été pareil pour moi en terme de qualité d'enseignement, nettement plus rentables pour l'hôpital. Enfin quand même, 1 point en plus du côté positif, très intéressant. Revenons à ma garde de lundi, là il y avait des patients, là aussi un point de plus. Bilan positif donc, même si parfois j'hallucine grave. Je vous raconte: Rendez-vous à 16h dans le service, en jolie tenue verte. Mon camarade veux voir un accouchement, moi aussi, on est gâté il y en aura deux. La soirée se passe entre consultations en "urgence" et trois passages au bloc. Les deux internes et la chef de service sont très sympas, et donnent presque spontanément des explications. Faut les encourager un peu, mais bon. Mais là où je tombe des nues, c'est les motifs des consult en urgence. Une jeune femme à mal au ventre pendant ses règles, qui ont trois jours d'avance. Une autre ne sait absolument pas quand elle les a eues pour la dernières fois, ni la durée de son cycle, aucune idée, elle prend vaguement la pilule, je ne sais plus ce qu'elle avait, rien sans doute. Le plus fort reste à venir: 42 ans, et nous répète qu'à son âge elle ne risque pas de tomber enceinte, donc pas de contraception... Mais elle n'est pas ménopausée! L'interne lui explique, une première fois gentiment, la seconde un peu plus sèchement, mais elle ne veux pas comprendre. Enfin, j'ai vu plein d'écho d'utérus et d'ovaires normaux! Merci les filles de passer votre soirée ici pour que je me fasse l'oeil! Puis un curetage et deux accouchements, une mère (déjà!) angoissé et un papa adorable, épisiotomies et tout le tralala. Moments sympas, plus pour le papa je pense, il récupère le bébé pendant que madame se fait recoudre. Et quand même je dois le dire, c'est pas des agités de la stérilité ici, je l'avais déjà noté et les autres aussi, mais on passe un cap. L'assistant appelle sa collègue parce qu'il ne sait pas trop comment s'y prendre pour recoudre l'épisio. Ladite collègue arrive, va chercher des gants STERILES et en laisse tomber un (par terre). Elle le ramasse, le met et va mettre la main à la pâte, en l'occurrence un périnée, comme si de rien n'était... Je manque de m'étouffer sous mon masque, qui cache ma grimace.
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