Croisement de parallèles

J'ai deux vies cette année, une espagnole et l'autre, celle que j'ai depuis toujours et que je retrouverai en juin. C'est une sensation étrange et parfois cocasse: deux maisons, ce qui complique l'usage de mots comme "rentrer" ou "chez moi"; deux langues et deux manières de prononcer mon prénom; deux universités et deux plans d'études, que j'essaie de faire correspondre au mieux. Je pourrais continuer cette liste presque indéfiniment, mais je vous rassure je ne suis encore qu'une seule et même personne! Deux vies en parallèle en somme, une dans laquelle je suis et l'autre que je suis à distance. Pas compliqué, et même plutôt intéressant ce recul forcé! Là où ça se corse, c'est quand les parallèles se rencontrent, lors des visites d'amis par exemple. Parler aux personnes dans la langue qu'ils comprennent, les accueillir dans votre monde et leur y faire une place. Tout c'est bien passé, j'ai adoré faire découvrir ma ville, j'en ai profité pour la voir avec leurs yeux. J'ai retrouvé après plus de trois mois des gens auxquels je tiens sans le moindre flottement, la moindre anicroche. Quel plaisir! Merci :-) Le plus dur en fait, c'est le passage d'une vie à l'autre. J'ai eu besoin d'une bonne semaine pour me remettre à penser en français, pour retrouver un semblant de rythme de repas, pour délaisser mes liens sociaux espagnols et m'investir dans les autres. De retour à Valence, même combat, dans l'autre sens. Et je ne suis pas vraiment aidée par le fait que les derniers moments que j'ai passé ici étaient des vacances, alors que maintenant je dois vraiment me mettre au boulot pour mes examens.